Chantal RODIER - Artiste

ARTISTE PEINTRE -POÉTESSE- Marsac en Livradois

Flore ou la rage de vaincre-3: 3.2 : les Nuits sombres

 

 

 

 

 


3.2 : Les illusions perdues dans le noir

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La nuit venue, il n'était pas question de bavardage durant le repas commun, chacune d'entre-nous fixait son assiette au plus vite. Souvent nous avions des soupes accompagnées d'un morceau de pain que nous nous arrachions et avalions avec grande faim. Le temps d'après était loin d'être calme, les unes regardaient la télévision dans une salle ou nulles chaises ne se faisaient voir, seulement un épais halo de fumée blanche, d'autres sortaient ou discutaient avec une voix à faire vibrer toutes les vitres de ce foyer.

« Flore tu es nouvelle, et si tu veux être des autres alors il te faut prendre cette cigarette. Tu verras comme cela est bon. Allez ne fais pas ta timorée. »

Une grande jeune fille d’allure un peu farouche me regardait tout en fixant droit dans les yeux. Elle me semblait dirigeaient beaucoup d’entre elles.

« Aspire un grand coup et avale. Puis ensuite souffles. Allez fais ce que je te dis sinon ici sera ton enfer »

Les autres assises en tailleur pour la plupart se levèrent brusquement et virent autour de moi.

« Ou la lâcheuse, c’est une espionne cette fille là. Fume mais fume donc. »

Ma bouche se remplissait d’une odeur nauséabonde, mes poumons se gonflèrent et voilà que je recrachais de la fumée moi aussi

« Et bien voilà, ce n’était pas si difficile. La prochaine fois on te demandera autre chose à faire »

Le groupe s’en alla sous des huées de ricanements atroces

Aux toilettes je me suis retrouvée.

j'essayais de faire de faire mes devoirs dans un coin où je pouvais enfin être à peu près tranquille. Les filles m'avaient prisent en grippe, des ordures étaient dispersées dans mon lit, ou alors mes copies de classe et mes devoirs maison furent souvent déchiquetés comme du vulgaire papier. Sans faire de bruit, je me levais dans la pénombre pour les recommencer.  Je ne disais rien au risque du pire comme une fois d'en haut des escaliers à peine arrivée j'avais reçu sur la tête un saut de fer rempli d'eau, cela les avaient fait bien rire mais pas moi.

 

Nous avions un surveillant de nuit. Il montait avec une lampe de poche, de la bière dans ces poches la plupart du temps. Il passait en revu chaque lit, chaque fille en pointant sa lumière sur notre corps. Je m'enfonçais sous  la couverture râpeuse marron fermant très fort les yeux ainsi il croyait que je dormais. Des voix résonnèrent dans les soirées sombres, je les entendais lui et les autres qui riaient et parlaient à voix haute. Quelques fois il y avait un grand chahut, tout devenait mouvement et précipitation, des draps en guise de corde étaient fixés aux fenêtres, des filles en descendaient ou des hommes étaient là grâce à l'accès grand ouvert de la porte d'entrée. Un jour l'une d'entre elles,Brigitte avait un gros ventre, enceinte, se pressait vers le petit lavabo du grand dortoir en prenant son sein. Il en sortait un liquide blanc, du lait je pensais. Elle en était fière. C'était la préférée, la chouchoutée de notre vieux et malsain surveillant. Elle avait droit à un coin dortoir fermé, grand d'un peu plus que notre salle bain à nous toutes.

Notre foyer à dire vrai avait une drôle de réputation,  à l’extérieur l’on me disait que la nuit il possédait une lanterne rouge à son entrée.

 

« Oh pourquoi l'orphelinat avait-il fermé ? Pourquoi étais-je ici? »

Je le savais moi bien sur. Ma mère avait divorcée et disparue comme si qu'elle n'avait jamais existé, comme si je n'avais jamais existé. Mon père n'avait pas voulu me reprendre, il s'était remarier et sa nouvelle compagne ne voulait pas de moi.  Mes sœurs étaient au loin et mon frère je n'en avais plus de nouvelles depuis fort longtemps. Étais-je donc un monstre ou si vilaine pour que personne ne veuille de moi?

L’école fut mon refuge.

 


AURORE

 


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M
prendre sa force dans les souffrances passées...Bisous Aurore
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A
<br /> et en construire un lendemain . Bisous aussi<br /> <br /> <br />
F
Comment ma chère Aurore parviens tu encore à puiser cette force dans la foi après avoir traversé cette souffrance ?  Comment est ce qu'on fait pour sortir de l'enfer et d'avoir encore cette envie de rire et vaincre ... Je n'ai pas de mot pour t'exprimer mon admiration devant cette souffrance parce que l'enfance bafouée c'est ce qu'il y a de plus difficile à reconstruire pour évoluer .... je t'embrasse ma douce merci pour ton joli poème d'hier.
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A
<br /> croire, esperer, vivre, sentir, vibrer, aimer les autres jusqu'à faire le don de tout de toi-même, s'oublier,partager,pleurer, rire, écouter,regarder,observer, s'effacer,ne rien attendre (ca c'est<br /> le plus dur)s'élever,s'accepter...<br /> <br /> <br />
E
Bonjour Aurore, mon expo est terminée, ouf... Excuse-moi encore de ne pas avoir pu rebondir à propos de ta gentille surprise qui m'a beaucoup fait plaisir. Comme promis j'ai créé un lien supplémentaire à cette occasion (mais je n'ai plus retrouvé l'article en question, ce n'est pas grave). Je t'embrasse et te souhaite un fructueux travail d'écriture :-)
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A
<br /> wech wech youpi j'espere que tu en as vendu tout plein ou que tu as eu plein de promesses.tu as raconté sur ton blog j'vais voir ca !<br /> <br /> <br />
C
<br /> bonjour,un passage sur votre blog sympa<br /> j'aime beaucoup votre post interressant
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A
<br /> trop super ton asterix si je courais aussi vite que waouh!!<br /> <br /> <br />